cours peyran lacroix

Mylène Lormier et l’Art du Clown

Mylène Lormier, Maître d’atelier au Cours Peyran Lacroix, s’est prêtée au questionnaire d’Hugues Joudrain, Directeur artistique de la Compagnie Carte Blanche,  à propos de l’Art du Clown.

Hugues Joudrain : Je participe depuis une douzaine d’années à tes ateliers, stages et autres spectacles dédiés au clown de théâtre.
Lors d’une discussion sur la relation professeur/élève et metteure en scène/comédien, il nous a semblé enrichissant de définir ce qui fait le fondement de ta pédagogie en regard de ce que j’ai pu observer, de ce qui a éveillé ma curiosité et suscité des questionnements.
Enrichissant, car l’art du clown est un art mouvant qui s’accorde avec ton besoin permanent de chercher et créer de nouveaux outils pour accompagner les clowns en devenir ou confirmer.


Qu’est-ce que l’apprentissage du clown apporte au travail
d’acteur ?

Mylène LORMIER : Dans le cursus pédagogique, le jeu clownesque est programmé en deuxième année, les comédiens ayant un bagage suffisant pour dépasser l’aspect ludique de la discipline. Au-delà du rire, ils peuvent faire le lien avec les autres formes de jeu qu’ils ont abordé jusqu’alors.
Je suis convaincue que toute bonne école de théâtre se doit de proposer une approche du jeu clownesque à ses élèves. Il leur revient ensuite le choix de se spécialiser dans ce genre théâtral ou non. Mais quel que soit leur choix, ils auront ouvert le champ de leurs possibles en ayant appris à avoir moins peur d’avoir peur, que l’échec – qui pour le clown est une mine de situations déclencheuses de rires au point de les provoquer – est l’occasion d’aller puiser dans leurs ressources pour le plaisir, en y faisant face, de le surmonter.
Le clown se doit de donner des signes clairs de ce qu’il pense, ressent, voit. Ce code développe un jeu et une écoute éminemment organique.
Cette découverte du clown est vécue comme une grande bouffée d’air frais. Les élèves le vivent comme un temps libérateur, joyeux , créatif et en même temps exigeant, précis et engageant.

Hugues Joudrain : Lorsque les comédiens sortent d’une impro tu leur demandes leur ressenti avec pour consigne de ne pas dire « je ne sais pas » et, même s’ils ne sont pas satisfaits de leur prestation, de trouver, si minime soit-elle, la petite pépite qui servira de piste d’amélioration. Tu parles de « faire un sandwich ». En quoi consiste-t-il et quel est son objectif ?

C’est un outil très précieux qui fait gagner un temps fou. On décide avec obstination de s’intéresser à ce qui marche. Cette notion a besoin d’être solidement ancrée pour déraciner la tendance habituelle à retenir ce qui ne marche pas, qui revient à baisser les bras, à renoncer.
La première couche du sandwich est une chose positive expérimentée pendant l’impro, si minime soit-elle pour reprendre ton expression. La deuxième est la partie protéinée du sandwich, la piste d’amélioration. La dernière couche est une nouvelle chose positive.
Le sandwich permet de développer un vocabulaire positif à vocation stimulante. Au sortir d’une impro on ne pensera pas « Je ne parle pas assez fort » mais « J’ai envie que l’on entende ce que je dis».

L’exercice du Ping-Pong, qui est en fait une improvisation très cadrée, peut demander un certain de temps de pratique avant d’en comprendre tout l’intérêt. Je trouve personnellement que son cadre rigoureux permet justement au clown de découvrir et d’exprimer ce qui le caractérise. Qu’en penses-tu ?

Le ping-pong vient de la pédagogie de Mario Gonzalez. C’est un exercice très intelligent car il présente l’avantage de saturer le cerveau d’informations. C’est l’arme absolue pour contrer l’anticipation, pour se débarrasser de la fausse bonne idée qui surgit juste avant de faire une impro.
Le comédien est tellement concentré que paradoxalement tout ce qui n’est pas du registre des consignes est plus spontané, plus inattendu, plus poétique. La réflexion cède la place à l’instinctif, à l’émotionnel.

Dans les commentaires et retours concernant ta pédagogie, le terme de bienveillance est celui qui revient le plus souvent. Ce qu’il y a d’intéressant c’est qu’il est associé à celui de confiance en soi. Comment expliques-tu cette passerelle ?

En fait j’aime bien quand dans les retours les élèves ajoutent le terme d’exigence à la bienveillance.
Une exigence bienveillance ou bien une bienveillance exigeante.
La confiance vient naturellement à condition de s’entrainer à changer le juge intérieur contre le critique constructif. Plus je donne de la valeur à ce que je fais de bien , plus je fais le choix conscient d’orienter mon attention sur les « bons points » de mon travail, plus la confiance s’installe.
La bienveillance, l’exigence et la confiance sont les trois clés que je propose à mes élèves pour les amener à ma perception du jeu clownesque.

À qui s’adressent tes ateliers et stages ?

Aussi bien à des clowns et des comédiens expérimentés qu’à des débutants et des amateurs.
Travaillant le clown en dehors de mes ateliers avec des éducateurs spécialisés, des hypnothérapeutes, des chanteurs lyriques je suis convaincue de la richesse du brassage de publics issus de différents horizons.
Je n’exige aucun niveau théâtral. Par contre chaque inscription est précédée d’un entretien dans lequel j’expose ma conception de l’enseignement.

 

Calendrier des ateliers à la Théâtrerie : 

Ateliers hebdomadaires :

Mardi soir ( 20h00-21h00)

Mercredi matin (10h00-13h00)

Les week-ends :

23-24 janvier
20-21 mars
22-23 mai.

 

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